Solutions de traçabilité des opérations de transport : vers plus d’interopérabilité des systèmes
La capacité de disposer, et de restituer, le plus rapidement possible des informations fiables concernant l’exécution des opérations de transport est devenue, au cours des 15 dernières années, un élément à la fois nécessaire pour satisfaire les exigences des clients, mais aussi indispensable pour optimiser l’utilisation des moyens de transport. Toutefois, même si plusieurs solutions technologiques existent et facilitent ainsi la captation des événements, l’utilisation des informations obtenues est assez disparate suivant les modes d’achat des prestations de transport. L’harmonisation de ces remontés d’informations ainsi que leur valorisation, constitue un des enjeux clés du moment pour les entreprises de transport
Le marché des applications de traçabilité des opérations de transport regroupe aujourd’hui 4 grandes familles de solutions technologiques :
- Les solutions permettant de valider au travers d’un appel ou d’un SMS certaines informations sur un serveur vocal,
- Les solutions basées sur la saisie d’informations au travers d’un portail Web
- Les solutions s’appuyant sur un boitier « embarqué » sur le tracteur ou la remorque, souvent un boitier GPS, éventuellement relié au chronotachygraphe,
- Les solutions dites mobiles basées initialement sur l’utilisation de PDA par un chauffeur et désormais étendues à l’utilisation de smartphones ou de tablettes.
Des solutions très variées mais qui ne communiquent pas ensemble
Ces solutions permettent de capter des informations que l’on peut classer en 2 grandes catégories :
- Les informations liées au management d’une flotte : géo-positionnement du véhicule en temps réel, kilométrage effectué, temps de conduite, consommation gasoil, éco-conduite, …
- Les informations liées au suivi de l’exécution de la prestation de transport : preuve d’enlèvement et de livraison, qualification des réserves, calcul « d’Estimated Time of Arrival (ETA) » (heure d’arrivée estimée), « geofencing » (repérage automatique au travers de points de passage définis par leurs coordonnées GPS), déclaration d’aléas de transport, « asset tracking » (suivi des emballages, des containers, des wagons…)…
Mais comme le montre le tableau représentant la couverture fonctionnelle de ces 4 grandes familles de solutions, ces informations sont rarement cumulées car elles sont assez dépendantes de la solution implémentée.
Ainsi, une solution embarquée permettra de remonter les coordonnées « GPS » mais ne permettra pas, dans la majorité des cas, de capter des informations liées à l’exécution d’une livraison (photos de réserves,…). Une solution mobile ou encore un Serveur Vocal, ne se connectant pas aux données d’utilisation du camion, sont dans l’incapacité de fournir les informations liées aux temps de conduite par exemple. Enfin, la saisie d’informations sur un Portail Web ne permet pas une remontée en temps réel des informations !
A ces limitations fonctionnelles viennent par ailleurs s’ajouter des contraintes d’utilisation. En effet, en fonction du mode d’achat de la prestation de transport, le niveau de maîtrise des échanges d’informations peut fortement changer.
Maîtriser les échanges d’informations en fonction des modes d’achat de transport
La façon dont par exemple un commissionnaire de transport ou encore un distributeur va acheter une prestation de transport va très souvent fortement influencée le niveau de maîtrise des échanges d’informations.
En effet, d’un côté, un distributeur qui possède sa propre flotte dispose d’une grande latitude dans le choix de la solution technologique à déployer, et qui correspondra donc ainsi parfaitement à ses besoins ; mais à l’autre extrémité, on va retrouver l’achat d’une prestation de transport en mode « SPOT » (au coup le coup) qui correspond bien souvent au recours à une « bourse de fret » ou à un sous-traitant ponctuel.
Il est beaucoup plus difficile dans ce dernier cas de fournir par exemple une solution mobile basée sur l’utilisation de PDA car elle va nécessiter un minimum de formation du chauffeur et surtout de revenir au point de départ pour rendre le véhicule.
Les approches basées sur l’utilisation de serveur vocaux ou encore de portail web restent une option mais nécessitent à minima un accord en amont avec le transporteur ce qui peut parfois engendrer des coûts supplémentaires.
Il est également important de noter que même si les véhicules d’un transporteur sont équipés d’une solution embarquée permettant de remonter à minima les informations GPS, bien souvent, seul le transporteur lui-même dispose de ces informations et non le donneur d’ordre en direct.
Cette dernière contrainte limite fortement la capacité du donneur d’ordre à agir de manière proactive auprès de ses propres clients pour leur donner, par exemple, une nouvelle heure d’arrivée en cas de retard.
Par ailleurs, rare est le donneur d’ordre qui fait appel qu’à un seul sous-traitant transport, ce qui multiplie d’autant le nombre potentiel de solutions embarquées utilisées pour réaliser ses prestations de transport.
La capacité à récupérer des informations en provenance de systèmes embarqués de différents fournisseurs est ainsi une des évolutions majeures qui devrait se développer dans les prochaines années.
Les évolutions technologiques à venir, vers plus d’intégration des données
Trois solutions sont en train d’apparaître :
- Les concentrateurs d’informations : la capacité à collecter et à standardiser des informations en provenance de différents fournisseurs de boitiers télématiques est une des solutions qui émerge depuis quelques années. Cette solution de « concentration d’informations » offre au donneur d’ordre une vision en temps réel des mouvements des moyens utilisés par les sous-traitants. Elle reste toutefois limitée par l’obligation de connaitre les données théoriques du trajet à monitorer ainsi que les données d’identification du moyen qui va opérer le trajet. Elle peut par contre englober toutes les autres informations transférées par les boitiers comme potentiellement les températures dans le cadre d’une remorque réfrigérée, des quantités captées par « RFID »…
- Les boîtiers embarqués combiné à une solution mobile : les technologies sans fil comme le « wifi » ou le « Bluetooth » permettent aujourd’hui d’envisager la combinaison de solutions boitiers embarqués à celle de l’utilisation de PDA. Cette approche a l’avantage majeur de proposer une couverture fonctionnelle maximale puisqu’elle permet de couvrir à la fois la gestion de flotte mais aussi le suivi des opérations de manière exhaustive. Son coût reste par contre un frein à sa généralisation.
- Les solutions smartphone : c’est probablement la solution d’avenir pour le suivi des opérations car elle permet d’apporter un niveau de suivi des opérations identiques à celle d’un PDA tout en offrant une mise en œuvre moins onéreuse et une utilisation également possible pour des prestations achetées en mode « SPOT ». Un coût de communication supplémentaire est par contre à anticiper en cas de trajet s’étendant au-delà d’un transport domestique.
Les contraintes de plus en plus fortes des clients finaux de disposer de plus en plus d’informations (preuve de livraison, heure de livraison mise à jour, …) et de plus en plus en temps réel, vont très probablement amener l’ensemble des transporteurs à utiliser certaines de ces nouvelles technologies dans les toutes prochaines années.
A propos de l’auteur : Ingénieur de l’Ecole Polytechnique de Montréal et de l’EPF – certifié CSCP de l’APICS, Nicolas Récapet est Manager Supply Chain chez Cereza Conseil, il assure depuis plus de 10 ans des fonctions de responsable opérationnel ou de chefs de projets en Supply Chain dans différents secteurs d’activité comme la distribution, la santé ou encore le transport. Il intervient par ailleurs, en tant que professeur vacataire, dans des écoles spécialisées en Supply Chain.
Lire l’avis d’expert de Nicolas Récapet sur Stratégies Logistique
http://www.strategielogistique.com/
Effectivement, mettre en relation différents systèmes reste l’une des principale problématique pour les professionnels en supply chain. En plus de la solution technique, il ne fait pas oublier les outils qui devront être utilisés en front (pda, etc.)
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