Quels enjeux pour la Supply Chain de l’Industrie Nucléaire ?

25 sept
25 septembre 2013

Blog-Cereza-Icone-NucléaireDepuis la fin des années 90, les entreprises de l’industrie manufacturière ont été pionnières dans l’identification du Supply Chain Management comme l’un des leviers majeurs d’amélioration de la performance opérationnelle. La diversité des produits, la complexité des nomenclatures et des gammes de production, couplées, dans certains cas, à un niveau élevé de cadences de production, ont rapidement justifié la mise en œuvre de processus de planification et d’exécution complexes (Sales & Operations Planning, Just in Time…), porteurs de gains significatifs.

Quinze ans plus tard, cette prise de conscience a largement dépassé le cadre du manufacturing. A l’heure d’une reprise attendue du secteur après une période de gel des investissements post-Fukushima, attardons-nous quelques instants sur l’exemple de l’Industrie Nucléaire.

De par la nature de son activité, l’Industrie Nucléaire gère en parallèle trois Supply Chain principales, aux caractéristiques fondamentalement distinctes :

- la Supply Chain du cycle du combustible, de l’extraction du minerai d’uranium jusqu’aux sites de retraitement/recyclage ou de stockage des combustibles usés
- la Supply Chain des grands projets de construction d’installations nucléaires, notamment les centrales de production d’électricité
- la Supply Chain des déchets issus du démantèlement des installations nucléaires

Bien que fort différentes de celles ayant justifié l’émergence du Supply Chain Management dans le domaine du manufacturing, les contraintes spécifiques à ces différentes activités justifient pleinement une prise en compte des problématiques Supply Chain au plus haut niveau de la stratégie des entreprises du secteur.

  • La Supply Chain du cycle du combustible

La Supply Chain du combustible est notamment contrainte par le nombre très réduit d’installations capables de réaliser les opérations du cycle de production du combustible de par le monde, générant de nombreuses phases de transport (l’un des 7 gaspillages ou muda identifiés par le Lean Management). L’utilisation de moyens de transport très spécifiques et coûteux (notamment des emballages agréés permettant d’assurer la radioprotection des travailleurs, du public et de l’environnement), ainsi que la nécessité de planifier finement ces transports, soumis aux règles du transport de matières radioactives, aux règles de protection des matières sensibles et pouvant faire l’objet de convois exceptionnels, peuvent provoquer d’importantes tensions sur les délais d’approvisionnement. Ces tensions génèrent en retour un fort besoin de sécurisation par des stocks et en-cours de production importants, engendrant un impact financier non négligeable. Par ailleurs, l’accentuation au cours de l’été 2013 de la chute des prix de l’uranium (au plus bas depuis 7 ans à moins de 35 $ la livre) et l’incertitude concernant leur évolution à court terme incitent également à une gestion raisonnée des stocks sur l’amont du cycle.

  • La Supply Chain des grands projets de construction d’installations nucléaires

La Supply Chain des projets de construction répond majoritairement à une logique d’Engineering-to-Order compte-tenu de la complexité des équipements mis en œuvre, ce qui contraint les politiques de sourcing. A la différence des industries manufacturières qui cherchent avant tout à minimiser le coût global de leurs approvisionnements (prix pièce + coût logistique), les grands ensembliers du secteur nucléaire vont chercher en premier lieu à constituer pour chaque famille de produits un panel de fournisseurs fiables, compétitifs et pérennes, mais aussi disposant des capacités industrielles suffisantes pour répondre aux exigences de planning des chantiers. Dans ce contexte, la mise en œuvre d’un processus de planification S&OP partagé avec les principaux équipementiers permet de diminuer considérablement les défaillances de sourcing et leur impact sur les délais projets.

  • La Supply Chain des déchets nucléaires

Enfin, la Supply Chain des déchets, si elle est contrainte de la même manière que celle du cycle du combustible en matière de réglementation du transport, nécessite également la mise en œuvre d’un processus avancé de planification permettant de caractériser au mieux les déchets à produire en volume et en nature, dans l’optique d’anticiper les besoins de stockage, d’orienter les déchets vers les filières les plus adaptées et de dimensionner au plus juste les installations d’accueil.

Autant de défis à relever qui, à l’heure du renchérissement des coûts de construction et d’exploitation des installations en raison de la montée permanente des exigences réglementaires en matière de sûreté nucléaire, peuvent devenir des atouts pour assurer la compétitivité du secteur face aux sources d’énergie concurrentes.

Auteur : M.L.

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